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Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/194

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régner & dormir dans ces mots où les vertueux incas faiſoient depuis ſi long-tems le bonheur des hommes & où le ſoleil étoit ſi ſolemnellement adoré. Qui peut donc prévoir quelle race & quel culte s’élèveront un jour ſur les débris de nos royaumes & de nos autels ? Cuſco compte ſous ſes nouveaux maîtres vingt-ſix mille habitans.

Au milieu des montagnes ſe voient encore quelques autres villes : Chupuiſaca ou la Plata qui a treize mille âmes ; Potoſi, vingt-cinq mille ; Oropeſa, dix-ſept mille ; la Paz, vingt mille ; Guancavelica, huit mille ; Huamanga, dix-huit mille cinq cens.

Mais, qu’on le remarque bien, aucune de ces villes ne fut élevée dans les contrées qui offroient un terroir fertile, des moiſſons abondantes, des pâturages excellens, un climat doux & ſain, toutes les commodités de la vie. Ces lieux, ſi bien cultivés juſqu’alors par des peuples nombreux & floriſſans, n’attirèrent pas un ſeul regard. Bientôt, ils ne préſentèrent que le tableau déplorable d’un déſert affreux, & cette confuſion plus triſte & plus hideuſe que ne devoit l’être l’aſpect ſauvage de la terre avant l’origine des ſociétés. La