Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/195

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La vue du déſordre ne déplaît pas toujours ; elle étonne quelquefois : celle de la deſtruction afflige. Le voyageur conduit par le haſard ou par la curioſité dans ces régions déſolées, ne put s’empêcher d’abhorrer les barbares & ſanguinaires auteurs de ces dévaſtations, en ſongeant que ce n’étoit pas même aux cruelles illuſions de la gloire, au fanatiſme des conquêtes, mais à la ſtupide & vile cupidité de l’argent, qu’on avoit ſacrifié tant de richeſſes plus réelles & une ſi grande population.

Cette ſoif inſatiable de l’or qui n’avoit égard, ni aux ſubſiſtances, ni à la sûreté, ni à la politique, décida ſeule de tous les établiſſemens. Quelques-uns ſe ſont ſoutenus ; pluſieurs ſont tombés, & il s’en eſt formé d’autres. Tous ont ſuivi la découverte, la progreſſion, la décadence des mines auxquelles ils étoient ſubordonnés.

On s’égara moins dans les moyens de ſe procurer des vivres. Les naturels du pays n’avoient guère vécu juſqu’alors que de maïs, de fruits & de légumes, où il n’entroit d’autre aſſaiſonnement que du ſel & du piment. Leurs liqueurs composées de différentes ra-