Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/292

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duc en éclatant de rire et en donnant au prêtre une grosse tape sur le ventre. La folle ne m’a seulement point parlé de vous ; je voulais plaisanter.

— On ne plaisante pas sur de tels sujets, répliqua le chapelain d’une voix sévère. Vous m’avez porté un coup !… après un dîner de noces principalement, il est très dangereux pour le cœur de ressentir de telles émotions. Vous allez me rendre malade.

Pendant qu’on ballait et qu’on prophétisait ainsi, le Beccafico ne passait pas son temps en bagatelles. Il avait hâte de retourner à ses foyers et de montrer à sa femme ses devoirs de ménagère. Seulement il tenait à ne point perdre le profit de sa journée. Il dit à son garçon d’étable d’enlever son pourpoint ; lui-même se déshabilla, ne gardant que ses chausses, et tous deux s’armant d’une pelle, se dirigèrent vers un grand tas de fumier que des piquets, enfoncés en terre, empêchaient de s’écrouler. Le Beccafico regarda un instant, avec un sourire de satisfaction, cette masse de litière pourrie, tandis qu’un valet, à reculons, roulait une charrette.

— C’en fait tout d’même, dit-il, en secouant la tête, depuis deux mois que sommes ici. Allons ! perdons pas d’temps. À la b’sogne.

Ils se courbèrent, crachèrent dans leurs mains et, attaquant le fumier à coups de pelle, commencèrent d’en remplir la charrette.

— L’en rest’cor’, dit le valet après un moment, y tiendra jamais tout. La charrette est d’jà pleine.

Soudain, le vieux Borbottino avança sa tête de serpent au milieu de leur ouvrage ; il ouvrit sa bouche noire.

— Dites donc, Beccafico, à qui qu’il est le fumier ?

— Le fumier n’est-y poué z’à ceux qui l’aviant fait ?