Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/305

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ni à un duc criminel que Sa Sainteté peut laisser le titre de Grands Vassaux.

Ayant rendu cet arrêt, le cardinal se leva, tandis que le duc pleurait toutes ses larmes, en poussant de longs sanglots comme un petit enfant.

— Ah ! faisait-il, si mon équipage de chasse, si mes bons et fidèles piqueurs s’étaient trouvés ici, comme vous en auriez eu sur le derrière, monseigneur, tout légat que vous êtes ! Comme on vous aurait fait prendre au grand trot, et plus vite que ça ! la route de Venise.

Puis, s’essuyant les yeux, il parut résigné à son sort.

— Enfin, c’est bien, j’irai à Rome, mais je verrai le pape et je lui dirai…

— Que lui direz-vous ? demanda le cardinal.

— Je lui dirai ceci : « Saint-Père, quand on a votre puissance, on ne garde pas de tels couillons à son service ! »

Le cardinal décida que les funérailles de Marzio auraient lieu le jour même. Paola, aussitôt rétablie, devait être conduite à un couvent de Venise où elle passerait le reste de ses jours.

Le Duc pleura beaucoup en quittant le château. Il voulut voir Paola, puis sa vieille nourrice qui ne savait rien encore de son arrestation.

— Mon pauv’duc, tu vas à Rome, dit-elle, mais c’est bien loin. Seras-tu seulement de retour à l’automne ? Et moi qui me fais si vieille ! Mon pauv’duc, j’ai dans l’idée que je ne te reverrai point.

Et, malgré qu’il eût beaucoup de peine, il dut encore consoler la bonne femme.

Cependant la plupart des tenanciers, qui avaient reçu de l’or du cardinal pour venir l’accuser, regrettaient ou oubliaient maintenant leur trahison. Quand