Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/304

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la marquise Paola, ne montrait-il pas toute la haine qu’il avait pour ces enfants ? En vain le duc alléguait un mouvement de fureur et les corrections que réclament parfois les meilleurs naturels.

— Vous n’aviez qu’un désir, répétait le cardinal : vous débarrasser de vos pupilles, afin de vous emparer de leur héritage. Les accusations du moine, votre complice, sont aujourd’hui bien justifiées.

— Mais ce sont d’abominables calomnies, s’écriait le duc Gacialda ; je ne sais pas ce que ce scélérat à contre moi pour me reprocher de telles horreurs. Hier, j’en étais abasourdi, comme si j’eusse entendu dix cornets de chasse à mes oreilles, mais qu’il vienne aujourd’hui répéter ces mensonges, je le cloue tout vif à la porte avec ses histoires !

On se disposait à aller chercher le moine pour le confronter avec Gacialda lorsqu’on vint dire qu’il s’était sauvé pendant la nuit. Le cardinal eut une courte colère et déclara qu’il punirait avec une rigueur extrême les gardes qui avaient laissé échapper le misérable. Le duc Gacialda parut consterné de cette évasion.

— Il est d’ailleurs indifférent, déclara le cardinal, que ce moine vienne ici vous confondre ou vous disculper. Ces paroles d’hier nous ont seulement donné l’éveil ; mais ce sont les dépositions de vos tenanciers qui vous condamnent. Notre conviction est faite aujourd’hui ! Mon secrétaire, qui les a fidèlement enregistrées, les remettra lui-même au Saint-Père, qui décidera de votre sort, duc Gacialda. En attendant, vous allez, sous bonne escorte, partir pour Rome aujourd’hui même. Dès ce moment, le domaine de Posellino, aussi bien que vos domaines particuliers, retournent au Saint-Siège, en raison de l’indignité de leurs possesseurs. Ce n’est pas, en effet, à une fille violée