Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/351

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fendis seulement de m’appeler : Chienne de chrétienne, parce que cela m’humiliait.

— Si vous me faites mal, dis-je, c’est moi qui vous fouetterai.

— De vous, chère amie, tout ne peut m’être qu’agréable.

— Eh bien, répliquai-je, changeons de rôle. Je préfère cela, si vous y avez le même plaisir.

Costanza apprit ma liaison avec son mari. Elle accourut chez moi, haletante de colère.

— Ah ! s’écria-t-elle, quand Moïse se plaignait de ne pouvoir rester à la maison, quand il prétendait que ses affaires l’appelaient au dehors, c’était toi, ses affaires. Et il ne me donnait plus rien, ni argent, ni baisers. Canaille ! tu n’as donc pas de cœur pour prendre tes amants dans ta famille ?

Je n’eus pas l’air d’avoir entendu ses injures et je lui répondis avec calme :

— Ne faut-il pas que tout le monde vive ? Je ne tiens pas à ta chiffe d’homme, tu peux le reprendre, mais je veux aussi, moi, tâter de sa fortune ; tu as assez mangé du gâteau comme cela : laisse-m’en une part.

Comme elle se préparait à s’élancer sur moi, je craignis de ne pas être assez forte, j’appelai à mon aide les domestiques qui, après avoir reçu insultes, crachats, égratignures, coups de pieds, parvinrent à la jeter dehors. Mais la colère de Costanza était redoutable. Il s’agissait d’en prévenir les effets. Je connaissais l’âme de ma chère sœur ; je la savais pourrie d’orgueil, de ressentiment ; animée d’une fureur toujours tiède, toujours prête à se dégorger au premier feu ; et plus capable d’écouter les conseils de son derrière que les reproches de sa conscience.