Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/422

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Quand l’abbé eut constaté qu’il était bien mort :

— Je viens de sauver l’honneur de la chrétienté tout entière, marmotta-t-il.

Il se dirigea vers la salle de fête, où il annonça que Monseigneur, par suite d’une légère indisposition, avait dû se retirer dans ses appartements. Il présida lui-même au départ des invités, qui sortaient du Palais sans dissimuler leur étonnement, les uns croyant à la fuite, les autres, à l’arrestation du cardinal.

Dès que Michele eut terminé son récit, je sautai de mon lit.

— Il n’y a pas un instant à perdre, lui dis-je, il faut sauver Guido de cette maison maudite. On ne sait pas le danger qu’il y peut courir. N’as-tu pas eu la sottise de parler de lui dans ta satire !

Michele demeurait confus et pareil à un esclave qu’aurait grondé son maître.

— Allons ! repris-je, viens avec moi, et dépêche-toi !

Nous allâmes réveiller Morosina. Elle fit, à la lumière, une grimace qui sillonna de plis son visage, puis, étendant les bras pour repousser ma lampe dont la lueur l’éblouissait :

— Ma chère enfant, fit-elle, soyez plus attentionnée une autre fois : vous troublez mes songes.

— Ah ! par exemple ! m’écriai-je, voilà qui m’est égal ! Ce que je les ai dans le cul vos songes !

— Oh ! oh ! continuait-elle, monsieur Michele des Étoiles est là, lui aussi. De grâce ! messer, ne me regardez pas. Ce n’est pas l’heure pour visiter les dames : je n’ai pas mon fard.

— Il ne s’agit pas de vous farder, mais plutôt de vous lever de suite, d’aller chercher le jardinier et son