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fés de mon ami qui souffrait d’avoir offensé Dieu. Arrivabene, inquiet, irrité ou attendri par notre peine, se levait, allumait une lanterne et arrêtait un instant sur nos joues brûlantes de larmes un regard inquisiteur.

Une fois, je me tournais et me retournais sans arriver à m’endormir, poursuivie par d’étranges fantômes, avide d’une caresse qui fût comme l’onde glacée d’un puits pour m’y abîmer toute et éteindre cette chaleur dont j’étais embrasée. La plainte de Guido s’éleva, plus chargée d’angoisse et de douloureux désir que les autres nuits. Alors, profitant du sommeil de nos compagnons, je saute de mon lit, et, sans savoir ce que je fais, les mains sur mon cœur qui bat à se briser, je vole vers Guido et je m’étends sur lui, collant ma bouche sur la sienne, afin de prévenir ses cris.

— Guido, dis-je tout bas, tu es malheureux, je viens te consoler.

Et, d’être près de lui, tout mon corps tressaillait de bonheur, s’étalait sur son corps orgueilleusement, la chair gonflée, les jambes ouvertes dans une large étreinte. Guido, surpris d’abord et comme vaincu par ce soudain enlacement, essaya de me repousser.

— Oh ! lui disais-je encore, c’est Dieu qui veut que nous soyons unis. Laisse-moi à côté de toi, que je te sente bien. Oh ! Guido, restons toujours ensemble comme cela. Laisse-moi ! Laisse-moi ! je veux t’aimer.

Mais il se débattait, et, sous ma caresse, il murmurait d’une voix haletante :

— Va-t’en !… Tu es le mal !… la fille de péché !… Va-t’en !

Enfin il me saisit les mains et, d’un violent effort, me rejeta du lit en criant :

— Au secours ! au secours !

Je me recouchai à la hâte, tandis qu’Arrivabene, ré-