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SUR L’ORTHOGRAPHE

pour en apprendre d’autres, ont si étrangement défiguré les noms propres des contrées, des villes et des rivières de l’Asie, que, si l’on n’avoit pour guide la sagacité de l’infatigable M. d’Anville, il auroit été aussi embarrassant de suivre Alexandre à travers le Pendj-âb[1] sur la carte d’Agathodæmon, que de parcourir réellement ce pays dans son état actuel de barbarie et d’insalubrité. Ils avoient l’habitude inexcusable d’helléniser les noms étrangers, et de leur donner de la ressemblance avec des dérivés de leur propre langue : c’est ainsi que de Gogra ils faisoient Agoranis[2], ou la rivière de l’Assemblée ; d’Ôùtchah, Oxydracæ[3], ou

  1. Pendj-âb پنج اَب mots persans qui signifient les cinq eaux, ou les cinq fleuves. On désigne sous ce nom la portion septentrionale de l’Hindoustân, arrosée par les cinq branches orientales de l’Indus ou Sind, et habitée aujourd’hui par les braves et indomptables Syk’hs. Voyez mes notes ci-après, pag. 312 et suiv. et celles que j’ai ajoutées au Voyage du Bengale à Saint-Pétersbourg, par G. Forster, tome I.er, page 173. (L-s.)
  2. Arrien (Rerum Indicar. pag. 515 ex edit. Blancardi, et 316 ex edit. Gronovii) cite Agoranis [Ἀγόρανις] comme un des fleuves qui se jettent dans le Gange ; et d’Anville (Antiquités géogr. de l’Inde, p. 79) propose comme une simple conjecture l’identité de ce fleuve avec le Gogra, qui prend sa source dans la partie occidentale du Tibet, non loin de la montagne Himâlaya, l’Imaüs des anciens, et vient se décharger dans le Gange, auprès de Patnah, capitale du Béhâr. (L-s.)
  3. Ὀξυδράκαι. Ce peuple, ainsi que les Malli [Μαλλοὶ], se rendit à Alexandre, après lui avoir fait courir le plus grand danger. Ces deux nations habitoient le Moultân, où se trouve encore aujourd’hui un endroit nommé Oûtch اوچ et اچ par les géographes orientaux, et dans la dénomination duquel d’Anville croit reconnoître l’origine du mot corrompu par les Grecs, et métamorphosé en Ὀξυδράκαι. Le même endroit est mentionné dans l’Ayïn Akbery ایین اکبریی, parce que c’est dans son voisinage que viennent se décharger dans le Sind les rivières de Behet, de Tchenâb et de Ravy réunies. نـسزر اجنسنل شر شو نل Voyez Arrian. Rerum Indicar. pag. 403 ex edit. Blancardi, pag. 239 et seq. ex edit. Gronovii ; Antiquités géographiques de l’Inde, p. 31, et l’Ayïn Akbery, or the Institutes of emperor Akber, translated from the original