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Page:Recherches asiatiques, ou Mémoires de la Société établie au Bengale, tome 1.djvu/36

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SUR L’ORTHOGRAPHE

langue. Le docte et intéressant ouvrage de d’Herbelot[1], où il s’engage à expliquer les noms d’hommes et de lieux et les titres de livres, abonde aussi en citations des meilleurs auteurs arabes et persans : mais, quoique son orthographe soit moins défectueuse que celle de plusieurs autres écrivains qui ont travaillé sur le même sujet, sans en excepter l’illustre prince Cantemir[2], il faut avoir une connoissance plus que médiocre du persan, de l’arabe et du turk, pour comprendre tous les passages qu’il a cités en caractères européens. Je ne

  1. La Bibliothèque orientale de d’Herbelot est trop justement célèbre dans toute l’Europe, et même, comme on le voit ici, dans l’Inde, pour que je me permette d’en faire l’éloge. Je me bornerai donc à observer que la meilleure édition de cet immortel et inappréciable ouvrage, est celle de la Haie, 1777, en 4 volumes in-4.°, avec des additions des savans Reiske et Schultens ; édition inconnue aux auteurs du nouveau Dictionnaire historique, MM. Chaudon et de Landine. En indiquant l’édition de Maestricht, 1776, in-fol. et celle de Paris, 1782, 6 volumes in-8.°, ils auroient dû ajouter que la première n’est qu’une réimpression quelquefois fautive de l’édition originale de 1697 ; et la seconde, un misérable extrait d’un bel ouvrage, extrait commandé par sa cupidité mercantile, et exécuté par l’ignorance indigente. Ces deux observations auroient été plus justes et plus convenables que cette phrase par laquelle nos deux biographes terminent l’article dont il s’agit : « Cette collection n’est qu’un amas de matériaux indigestes, et est souvent très-défectueuse. » Il est véritablement pénible de voir ainsi traiter parmi nous un ouvrage qui honore la nation aux yeux des étrangers. Au reste, les mêmes écrivains, qui jugent d’une manière si tranchante et si dure un chef-d’œuvre d’érudition orientale, nous annoncent gravement que Tamerlan (qui probablement n’a jamais su l’arabe) écrivit de sa main, en langue arabe, l’histoire de sa vie. À la vérité, ils ont oublié de parler de ses Instituts politiques et militaires, écrits par lui-même en langue moghole, traduits en persan et ensuite en anglois et en français. L’édition persane et angloise forme un gros volume in-4.° magnifiquement imprimé à Oxford, en 1777 ; la traduction française parut en 1787, en un volume in-8.° (L-s.)
  2. Démétrius Cantimir, prince de Moldavie, auteur de plusieurs ouvrages dont on peut voir la liste dans sa Vie placée à la fin de fa traduction française de son Histoire de l’Empire othoman, ou se voient les causes de son agrandissement et de sa décadence, etc. (L-s.)