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NOTES.

des vérités lumineuses. Les dieux propices aiment alors à coopérer avec les mortels. Il y a dans chacun de leurs sens plusieurs treillis, où les dieux veillent continuellement ; et si par mégarde Famé les laisse ouverts au vent brûlant et pestiféré de la tentation, l’invocation sincère de ces gardiens célestes préservera la précieuse clarté d’une extinction totale. »

L’aigle transporté écoutoit avec attention les sublimes préceptes de Bhouchanda. Il la pria de compléter ses leçons, en définissant la plus excellente des formes naturelles, le souverain bien, la plus grande douleur et le plus grand plaisir, la plus grande scélératesse et le châtiment le plus rigoureux.

Je vais, répondit la corneille, les décrire avec précision. Dans les trois mondes, empyrée, terrestre et infernal, aucune forme ne l’emporte sur la forme humaine ; la suprême félicité sur la terre consiste dans la vraie piété, et dans le mépris des avantages mondains ; la plus grande des jouissances est la conversation des hommes dévots et vertueux ; la douleur la plus vive est l’effet de l’extrême pauvreté ; le péché le plus odieux est le défaut de charité ; et les hommes dépourvus de charité, qui ne manquent jamais de blasphémer les dieux et de mépriser les Vêdes, seront punis dans les dernières profondeurs de l’enfer, tandis que ceux qui méprisent leurs guides spirituels vivront éternellement sous la forme de grenouilles ; ceux qui méprisent les Brahmanes, sous la forme de corneilles ; ceux qui méprisent les hommes pieux, sous la forme de corbeaux nocturnes ; ceux qui méprisent les autres hommes, sous la forme de chauves-souris : tant les » passions déréglées engendrent d’infortunes !

Comment, continua Bhoûchanda, celui qui chérit tous les hommes, et que tous les hommes chérissent, seroit-il déchiré par l’affliction î Comment celui qui possède la pierre paras, seroit-il dans l’indigence ! Comment ceux qui haïssent leurs voisins, peuvent-ils être exempts de terreur, ou les voluptueux de souffrance ! Comment prospérerait un pays où les Brahmânes sont injurieusement traités ! ou comment subsistera un royaume où l’on ne rend point la justice ! Comment celui qui agit avec circonspection, peut-il manquer de réussir ! Comment ceux qui ne méprisent pas les gens vertueux, seront ils tourmentés d’appréhensions fâcheuses ! Comment le séducteur de la femme d’autrui seroit-il sauvé de la perdition ! ou comment celui qui murmure contre la providence, couleroit-il d’heureux jours ! Qui peut être glorifié sans mérite ! qui peut être déshonoré sans blâme ! Enfin, comment le péché habitera-1-il dans lame de celui qui écoute