Aller au contenu

Page:Reclus - Étude sur les dunes, 1865.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

auraient pu envahir toute la zone des landes et recouvrir la ville de Bordeaux : il eût même suffi de mille ans pour transformer en marécages les belles campagnes du Bordelais, car les étangs, repoussés constamment par les dunes envahissantes, se seraient abîmés du côté de l’est en déluges successifs aussitôt après avoir dépassé la ligue culminante du plateau des landes. Il est probable que des recherches entreprises en d’autres lieux auraient pleinement confirmé les observations faites par Brémontier ; cependant, en l’absence de ces recherches, on ne peut accepter comme s’appliquant à toute l’armée des sables, de Bayonne à la pointe de Grave, des mesures faites au pied d’un groupe de dunes isolées : pour se prononcer définitivement, il faut attendre les observations que les savants ne manqueront point de faire sur la marche des dunes dans toutes les parties du globe où ces monticules ne sont pas encore fixés.

Cependant, l’œuvre de la nature est double, et si, d’une part, elle précipite la marche des sables, d’autre part elle tâche de les arrêter : elle-même indique les moyens de prévenir ou prévient spontanément les désastres dont elle est cause. En certains endroits, et spécialement sur une partie de la côte des landes, elle exerce une action physique et chimique en se servant de l’oxyde de fer que contient l’eau des sources pour consolider les sables et les transformer graduellement en de véritables roches. Ailleurs, des ciments organiques, composés de coquillages brisés, de restes d’infusoires siliceux et calcaires, agglutinent les molécules arénacées et leur donnent la stabilité nécessaire pour