Page:Reclus - Étude sur les dunes, 1865.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

résister au souffle du vent. Mais ces moyens de consolidation des sables peuvent être considérés comme exceptionnels. C’est principalement la végétation que la nature emploie pour fixer les collines mouvantes des bords de la mer. Sur presque tous les rivages, les débris arénacés et calcaires constituant le sol renferment assez de principes fertilisants pour nourrir un certain nombre de plantes vivaces qui ne craignent pas l’air salé des flots et projettent leurs racines aux profondeurs où se trouve l’humidité nécessaire. Parmi ces végétaux hardis, le plus commun, et le plus utile à la fois, est le gourbet[1], dont les touffes, d’un vert pâle, n’arrêtent guère le vent, mais dont les fortes racines, parfois longues de 12 ou 15 mètres, se développent d’autant mieux que le sol a moins de consistance. Diverses espèces de convolvulacées rampent sur le sol et, fixant de distance en distance leurs vigoureux cordages, enveloppent parfois une dune entière dans leur réseau de feuilles et de fleurs. D’autres plantes dressent fièrement leurs tiges, mais si cette tige vient à être engloutie par les sables, elle se transforme incontinent en racine et donne naissance à une nouvelle pousse qui peut être enterrée à son tour sans que la plante soit exposée à périr. Ainsi telle graine germant à la base de la dune produit souvent un végétal qui, de résurrection en résurrection, finit par s’épanouir au sommet du monticule et relie par un câble de racines les couches arénacées que les lianes des convolvulus fixent à la surface. Nombre de plaines dont les

  1. Arundo arenaria.