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Page:Reclus - Étude sur les dunes, 1865.djvu/27

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les riverains n’ont à se plaindre que d’eux-mêmes : les dunes sont leur ouvrage. Une seule imprudence peut causer de grands malheurs : c’est ainsi que d’après Staring, une des plus hautes dunes de la Frise doit son origine à la destruction d’un seul chêne[1].

C’est à l’homme d’arrêter maintenant par son travail ces monticules de sable qu’il a pour ainsi dire créés par son imprévoyance. Heureusement ce n’est pas une œuvre impossible. Déjà le berger des landes, quand il voulait protéger sa cabane érigée au fond de quelque ravin des dunes, avait soin de couper dans les lattes ou les marécages environnants des graminées ou des roseaux qu’il étendait sur le sol de manière à le recouvrir complètement et à ne laisser aucune prise au vent de la mer. Cela suffit, le sable reste immobile et la dune est désormais fixée, aussi longtemps du moins que le pas d’un cheval, la dent d’une brebis ou d’un animal sauvage, une averse de pluie ou telle autre cause, n’ont pas transpercé la couche protectrice et rendu aux sables leur mobilité : il faut alors tapisser le sol d’une nouvelle litière de plantes.

Mais ce moyen de protection, qui d’ailleurs est praticable seulement sur de faibles étendues, est tout à fait provisoire : pour obtenir un résultat définitif, il faut nécessairement recourir à la fixation directe des dunes par des semis d’arbres ou d’autres plantes offrant aux vents une barrière infranchissable. Dans les temps modernes, les Hollandais, ces grands maîtres pour tous les travaux de la mer et des rivages, ont été les premiers

  1. De Rodem van Nederland, I, p. 425.