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Page:Reclus - Étude sur les fleuves, 1859.djvu/18

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importante que le Danube, dans lequel il va se jeter. Voilà donc cinq fleuves qui rayonnent autour des Alpes vers quatre mers, non pas sous forme de doubles systèmes, mais comme fleuves isolés. La masse continentale de l’Asie est si considérable que, pour établir la circulation des eaux du massif central à la circonférence, les fleuves qui arrosent la partie péninsulaire, c’est-à-dire la partie la plus richement organisée, se sont dédoublés pour ainsi dire pendant toute l’étendue de leur cours. En Europe, le rayonnement de fleuves simples autour du massif des Alpes suffit à l’irrigation du territoire.

Les principaux cours d’eau de l’Europe qui ne descendent pas du massif du Saint-Gothard coulent au nord de cette ligne de montagnes à peu près continue que forment à travers le continent les chaînes des Pyrénées, des Cévennes, des Alpes et des Carpathes. Au sud descendent des rivières peu considérables à cause du peu de largeur qu’offre en Europe le versant méditerranéen ; mais il est à remarquer que ce n’est point exactement la ligne des sommets qui marque la division ou le partage des eaux qui coulent les unes vers le nord, les autres vers le sud ; la pénétration réciproque des bassins des rivières opposées est complète ; ils s’emboîtent pour ainsi dire les uns dans les autres. Tel fleuve qui coule au nord reçoit ses affluents de la partie méridionale des montagnes, et tel autre qui coule au midi les reçoit du nord. C’est ainsi que dans le Tatra, la division des versants, loin de se confondre avec la ligne des sommets, coupe transversalement la chaîne de montagnes.