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Page:Reclus - Étude sur les fleuves, 1859.djvu/38

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de Patna, et si l’exhaussement continue, la Sone finira comme le Saraweti et le Gagar, par être rejetée dans le bassin du Penjaub. C’est ainsi que les rivières se promènent sur la surface de la terre, portant avec elles le mouvement et la vie.

On a longtemps disputé sur la quantité d’alluvions que tous les fleuves de la terre apportent dans la mer, mais les données nous manquent encore pour la pouvoir apprécier exactement. Manfredi suppose que les détritus entraînés dans la mer suffiraient pour en exhausser le fond d’un mètre en 3000 ans, tandis que Tyler se croit autorisé par des calculs rigoureux sur les alluvions du Mississipi, à dire que les atterrissements des fleuves ne pourraient hausser le niveau de l’Océan que de 8 centimètres tous les 10 000 ans, ou que d’un mètre en 125 000 ans. Quand on réfléchit à la grandeur de l’Océan et à la petitesse des cours d’eau comparés à sa masse, ce dernier calcul lui-même témoigne de l’activité extraordinaire que déploient les cours d’eau pour agrandir la surface des continents. En adoptant l’évaluation approximative de Keith Johnston, d’après lequel 175 kilomètres cubes d’eau se déversent journellement dans la mer, et en supposant que la masse d’alluvions contenue dans l’eau des fleuves ne soit que de 1/3000, comme dans le Mississipi, nous aurions une masse totale de près de 60 000 000 de mètres cubes déposés journellement à l’embouchure des fleuves, soit, par an, 2160 kilomètres carrés de 1 mètre de hauteur, ou plus de 2 kilomètres cubes.

Ainsi les fleuves érodent peu à peu les montagnes pour remplir les mers avec leurs débris, et les change-