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Page:Reclus - Étude sur les fleuves, 1859.djvu/39

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ments qu’ils opèrent dans la forme des continents tiennent presque du merveilleux. Déjà la mer Baltique n’est plus, pour ainsi dire, qu’un intermédiaire entre une méditerranée et un enchaînement de lacs d’eau douce. La masse d’eau que lui apportent les fleuves est toujours la même, tandis que sa superficie et sa profondeur diminuent constamment ; son eau va finir par devenir complétement douce, et s’écoulera par le détroit du Sund, devenu le fleuve Saint-Laurent de l’Europe. Entre la Suède et l’Allemagne, cette mer n’a déjà plus qu’une profondeur de 40 mètres ; et cependant, les couches de sel gemme, formées pendant les âges géologiques, par la mer Baltique elle-même, se trouvent aujourd’hui à 100 et 150 mètres au-dessous de son niveau, sa profondeur était donc trois ou quatre fois plus considérable qu’aujourd’hui. Un jour, nous dit Bory de Saint-Vincent, un jour, la Méditerranée elle-même ne sera plus qu’un enchaînement de lacs, puis qu’un gigantesque fleuve. Déjà la mer d’Azof, la mer Noire, la Propontide peuvent se comparer aux lacs Supérieur, Huron, Michigan ; les îles de l’Archipel formeront plus tard un dédale de lagunes semblables à celles qui bordent la mer Baltique, le golfe de Venise ne sera plus que le prolongement de la vallée du Pô, et les deux grands bassins de la Méditerranée, séparés par la barre sous-marine Siculo-Africaine, formeront deux lacs de plus en plus rétrécis dont les eaux alimenteront le plus grand fleuve du monde. Alors le Dniéper, le Danube et le Pô seront de simples rivières tributaires ; peut-être même que le Nil déjà si peu considérable à son embouchure perdra toute son eau par l’évaporation,