Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/101

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quille et presque sans courant ; plus loin, le lit est à peine creusé à cause de la rapidité de l’eau qui fuyait sur la forte pente ; ailleurs les arêtes parallèles d’assises rocheuses traversent obliquement le fond d’une rive à l’autre, formant autant de petits barrages sur lesquels le flot se brisait en vaguelettes. Un gros bloc de pierre a détourné le cours du ruisselet qui s’est rejeté vers la berge par un brusque méandre et s’y est graduellement creusé un lit à sa taille ; plus haut, des branches entraînées, des herbes, quelques pierres ont servi de point d’appui à la formation d’un ou de plusieurs îlots, qu’entourent des lits sinueux, remplis de sable d’une blancheur éclatante. À dix pas de là, l’aspect du ravin est encore changé. Là, le fond n’est plus qu’une rainure sciée par l’eau dans une dure argile presque rocheuse ; c’est à grand’peine si je parviens à passer dans le défilé en m’accrochant à quelques branches qui se balancent au-dessus de ma tête. Le filet ou la colonne liquide qui, suivant la force du ruis-