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Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/102

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seau temporaire, murmure doucement ou gronde avec fracas dans l’étroit corridor a glissé en rapides par une succession de degrés, puis au pied de la chute, elle a excavé une sorte de cuve, large bassin où les pierres roulées tournoyaient sous la pression des eaux. Après avoir dépassé le défilé, je trouve encore ce qui fut autrefois des îles, des méandres, des rapides, des cascades : je vois même jusqu’à des sources épuisées maintenant et reconnaissables à l’humidité du sable et des fissures rocheuses. Le rebord d’où s’élance une des cascades est formé par deux racines entre-croisées, engagées seulement par un côté dans l’épaisseur de l’argile.

Ce ravin, dans lequel nous pénétrons avec tant de bonheur pour y contempler en un étroit espace le tableau de la nature libre et pour échapper à l’ennui de cultures monotones et barbares, une multitude d’animaux et de bestioles, réfractaires comme nous, s’y glissent afin d’y trouver un abri contre l’homme, le grand persécuteur ; malheureu-