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Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/133

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ceint la base d’un liseré d’écume ; là, le courant incliné s’enfuit rapidement entre deux roches, puis au-dessus d’écueils cachés se plisse en vague parallèles ; plus loin, le flot se divise en plusieurs filets s’élançant par bonds inégaux. L’eau profonde, la mince nappe, la frange d’écume se succèdent en désordre jusqu’au bas de la pente, où le ruisseau reprend son calme et l’égalité de son cours.

Et parmi les cascades, quelle étonnante diversité ! J’en connais une, charmante entre toutes, qui se cache sous le feuillage et sous les fleurs. Avant de se précipiter, la surface du ruisseau est parfaitement lisse et pure ; pas une saillie de rocher, pas une herbe du fond n’en interrompent le cours silencieux et rapide ; l’eau coule dans un canal aussi régulièrement taillé que s’il avait été creusé de main d’homme. Mais à l’endroit de la chute, le changement est soudain. Sur la corniche d’où l’eau s’élance en cascade se dressent des massifs de rochers pareils aux piles d’un pont écroulé et s’appuyant sur de