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Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/206

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qui rit et scintille, s’épanouissent les fleurs jaunes des renoncules et des jacinthes ; même les ruines croulantes, toutes revêtues de giroflées fleuries, semblent rajeunies, comme si le printemps, non moins que l’hiver, ne travaillait pas à les démolir. C’est avec ravissement que nous contemplons la beauté du ciel, de la verdure et de l’eau courante. Dans ce renouveau de l’année, nous nous sentons comme transportés vers la jeunesse du monde, à la naissance de l’humanité. Malgré le poids des siècles écoulés, nous nous sentons aussi jeunes que les premiers mortels s’éveillant à l’existence sur le sein de la mère bienfaisante ; nous sommes même plus jeunes qu’eux, puisque nous avons pleinement conscience de notre vie. La terre est aussi belle que le jour où elle nourrissait les Centaures, et nous, de plus que ces monstres, nous avons un cœur d’homme dans la poitrine.

Ce qui nous enchante surtout, c’est le jeu de la lumière qui pénètre dans les profondeurs de l’eau et nous y montre de si char-