Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/207

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mants spectacles incessamment modifiés par les rides et les ondulations de la surface. En nous penchant au-dessus du courant où l’ombre des arbres se tord en spirales et se dédouble en courbes serpentines, nous apercevons le fond avec ses cailloux qui semblent frémir, son sable qui frétille et ses herbes ondoyantes. Des branchilles, des feuilles se suivent sur la nappe rayonnante de l’eau, et leurs ombres, déformées par la réfraction, glissent au-dessus du sable et des plantes couchées, dont les racines et les tiges brillent comme des fils d’argent. Quels que soient les contours de l’objet flottant, ils apparaissent toujours fortement modifiés par la lumière : la feuille, déployée en cœur ou prolongée en fer de lance, prend sur le fond l’aspect d’un disque ou d’un ovale ; la paille ou le jonc devient une rangée de petits cercles pareille à un collier dénoué ; l’araignée d’eau, patineur insubmersible qui remonte le courant par des élans soudains, est représenté sur le lit de sable ou de vase par cinq rondelles, dont l’une, la plus petite,