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Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/208

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figure les deux pattes de devant, tandis que les quatre autres, groupées deux par deux, se rapprochent ou s’éloignent suivant les mouvements de l’animal. Autour de chaque disque noir ou grisâtre un cercle de lumière s’arrondit comme un cercle d’or pur : ombres et rayons, changés ainsi par le milieu qu’ils traversent, se suivent sur le fond et en varient incessamment l’aspect.

Le ruissellement de la lumière, déjà si charmant sur les pierres nues qui pavent le lit du ruisseau, l’est bien davantage encore là où le fond est caché par la multitude des plantes aquatiques. Les roches, recouvertes par l’eau, sont tapissées de mousses d’un vert sombre aux reflets d’argent ; les algues délicates qui forment le limon sont soulevées en pyramides par les bulles d’air qui se dégagent des sables et qui, semblables à des ballons enveloppés d’immenses cordages, brillent comme des perles sous le réseau frémissant des fibres soyeuses. Des faisceaux d’herbes, déployés en longues chevelures,