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Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/285

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avec des cris de joie, ils le lancent sur le flot en lui donnant un équipage de hannetons.

Désormais inutile pour le transport des voyageurs, le ruisseau l’est devenu également pour le flottage. Les forêts de la plaine ont disparu, remplacées par les prairies, les champs, les villages, et pour les arbres coupés sur les collines, les chemins ont fourni, des moyens de transport moins capricieux que le courant des ruisseaux. Pour nous figurer l’aspect de notre petit cours d’eau et les services que lui demandaient nos ancêtres au bon vieux temps de la barbarie primitive, il nous faut traverser l’Océan et pénétrer, près des rivages de la mer des Antilles, dans une de ces forêts du Honduras, de la Mosquitie, du Yucatan, où les Caraïbes et les Sambos coupent l’acajou, le bois de rose, le cèdre, le campêche. Le ruisseau n’est qu’une large rue ouverte dans l’épaisseur de la forêt ; la nappe liquide, assombrie par le reflet des voûtes de feuillage, est unie