Aller au contenu

Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/286

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

comme une glace ; seulement, les flèches obliques de lumière, qui çà et là percent la ramure épaisse, font briller comme des paillettes d’or les plus petits insectes et jusqu’aux poussières de pollen ; les lianes, qui trempent dans le courant de l’eau, le rayent de minces sillons noirâtres où vacille un instant l’image des branches. Soudain, à un détour, apparaissent quelques hommes assis dans un arbre creusé et suivis d’un radeau de troncs immergés dans le courant : c’est le train d’acajou qui glisse silencieusement à la surface du ruisseau. L’équipage n’a guère qu’à se laisser aller à la dérive en accompagnant de sa cantilène la cadence des rames. D’ailleurs, si quelque obstacle se présente, si les troncs d’arbre s’arrêtent sur un banc de sable ou sur une roche cachée, les athlètes caraïbes, aux muscles puissants, au large torse de bronze, ont bientôt remis à flot le convoi tout entier, et, quand ils arrivent à la plage où les attendent les grands navires, un coup d’aviron leur suffit pour aborder.