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Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/323

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Arrivé sur ce domaine qui fut autrefois celui de l’océan, le fleuve, graduellement ralenti, s’étale de plus en plus et devient en même temps moins profond. Enfin, il approche de la mer, et ses eaux douces, glissant en nappe tranquille, vont se heurter contre les vagues écumeuses de l’eau salée, qui se déroulent avec un bruit de tonnerre continu. Dans le conflit des masses liquides entre-choquées, l’eau du fleuve s’est bientôt mélangée aux flots de l’immense gouffre, mais en se perdant, elle travaille encore. Tous les nuages de boue qu’elle avait pris sur les bords et qu’elle tenait en suspension sont repoussées par les vagues dans le lit fluvial ; ne pouvant aller plus avant, ils se déposent sur le fond et forment ainsi une sorte de rempart mobile servant de limite temporaire entre les deux éléments en lutte. Tout en se déposant molécule à molécule, le banc qui obstrue la bouche du fleuve, ne cesse de se déplacer pour se reformer plus loin ; poussées par le cou-