Aller au contenu

Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/324

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rant fluvial, incessamment grossies par de nouveaux apports, les boues sont entraînées plus avant dans la mer, et peu à peu la masse entière se trouve avoir progressé. De siècle en siècle, d’année en année, de jour en jour, ce fleuve, qui semblait impuissant contre l’immense mer, empiète néanmoins sur elle, et l’on peut même calculer de combien il avancera dans une période donnée, tant sa marche est uniforme. Eh bien ! cette victoire du fleuve sur l’océan, ce sont les mille petits ruisseaux et ruisselets des coteaux et des monts qui la remportent. Ce sont eux qui ont rongé les parois des défilés, eux qui roulent les quartiers de roches, qui froissent et broient les cailloux, qui entraînent les sables et délayent les argiles. Ce sont eux qui abaissent peu à peu les continents pour les étaler dans la mer en vastes plaines où tôt ou tard l’homme creusera ses ports et bâtira ses villes.