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Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/51

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prison de lave ou de calcaire. Les peuples ont été massacrés ; des civilisations diverses se sont succédé avec leurs flux et leurs reflux de progrès et de décadence ; mais de sa voix claire, l’eau ne cesse de raconter l’histoire des antiques cités grecques : plus encore que la grave histoire, les fables dont les poètes ont orné la description des sources servent maintenant à susciter devant nous les générations d’autrefois. Le petit fleuve Acis, que courtisaient Galathée et les nymphes des bois et que le géant Polyphème ensevelit à demi sous les roches, nous parle d’une antique éruption de l’Etna, le géant terrible, au regard de feu allumé sur le front comme l’œil fixe du cyclope ; Cyane ou « l’Azurée », qui se couronnait de fleurs quand le noir Pluton vint saisir Proserpine sur l’herbe pour s’engouffrer avec elle dans les cavernes de l’enfer, nous fait apparaître les jeunes dieux à l’époque de leurs fiançailles avec la terre vierge encore ; la charmante Aréthuse, que la légende nous dit être venue de la Grèce en nageant