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Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/54

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verdure qui se déploie hors d’un vase, les herbes aquatiques aux feuilles argentées qui croissent autour de l’abîme et les algues limoneuses aux longs cordages enguirlandés cèdent à la pression de l’eau qui s’épanche et se recourbent en dehors vers le pourtour du bassin ; à travers leurs couches épaisses le courant s’ouvre de larges détroits aux rives flottantes et serpentines. En échappant au bassin de la source, le ruisseau vient de naître ; il s’enfuit au loin sous les voûtes sonores, s’épanche en cascatelles, entre des colonnades ombragées de grands marronniers, puis, enfermé dans un canal de pierre, traverse la cité dont il est l’artère de vie, et dont plus loin, chargé de débris impurs, il devient l’égout. Sans la fontaine qui l’alimente, Nîmes n’aurait point été fondée ; que les eaux tarissent, et la ville cessera même d’exister ; dans les années de sécheresse, alors que de l’entonnoir jaillit seulement un maigre filet, les habitants s’en vont en foule. Sans doute les Nîmois pourraient amener de