Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/55

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loin sur leurs places beaucoup d’autres fontaines et même y faire couler un bras de l’Ardèche ou du Rhône ; mais à combien de travaux futiles ne songent-ils pas avant de se procurer l’indispensable, c’est-à-dire de l’eau en abondance apportant avec elle la propreté et le bien-être ! Comme s’ils avaient voulu se moquer avec grâce de leur propre incurie, les Nîmois ont même dressé sur leur place la plus aride et la plus blanche de poussière un groupe magnifique de fleuves armés de tridents et de rivières couronnées de nénuphars ; mais en dépit de ce faste sculptural, leur unique ressource est toujours la fontaine vénérée, belle et pure comme aux jours où l’ancêtre gaulois vint bâtir la première cabane à côté de son onde.

Dans nos pays du Nord, presque tous arrosés avec la plus grande abondance par fontaines, ruisseaux et fleuves, les sources n’ont point concentré sur elles comme les fontaines du Midi la poésie des légendes et l’attention de l’histoire. Barbares qui voyons seule-