Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

du sol, on la voit surgir en petits bouillons qui soulèvent les paillettes du sable fin et balancent mollement les feuilles vertes du cresson. Certes, elle est peu abondante, la jeune source, surtout pendant les chaleurs de l’été, alors qu’il ne reste plus dans le sol que l’humidité des pluies et des brouillards ; en se couchant par terre pour boire à la fontaine même, on la voit diminuer sous ses lèvres ; mais la vasque du ruisselet, à demi tarie, se remplit aussitôt, et son eau pure déborde sur la pente des pâturages pour commencer son grand voyage dans le monde extérieur.

La plus haute source et le gazon qui l’entoure, c’est là sur toutes les montagnes, le lieu délicieux par excellence ! On se trouve sur la limite entre les deux mondes ; d’un côté, par delà les promontoires boisés, se montre la riche vallée avec ses cultures, ses maisons, ses eaux paisibles, et la brume indistincte qui pèse au loin sur la ville ; de l’autre côté, s’étendent les pâturages solitaires et le pic baigné dans la bleue profondeur des cieux. L’air