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Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/76

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ces débris gisent les ossements d’hommes qui ont travaillé comme nous et souffert pour nous, amassant péniblement dans la misère et dans les combats ce précieux héritage d’expériences qui est l’histoire. Mais si la reconnaissance envers les générations des anciens jours n’est pas un vain sentiment, avec combien plus de respect encore nous faut-il parcourir ces cavernes où vivaient nos premiers aïeux, les barbares initiateurs de toute civilisation ! En cherchant bien dans la grotte, en fouillant les dépôts calcaires, nous pouvons retrouver les cendres et les charbons de l’antique foyer où se groupait la famille naissante ; à côté sont des os rongés, débris des festins qui ont eu lieu à des dizaines ou des centaines de milliers d’années ; puis, dans un coin, gisent les squelettes des festoyants eux-mêmes entourés de leurs armes de pierre, haches, massues et javelots. Sans doute, parmi ses restes humains mêlés à ceux des rhinocéros, des hyènes et des ours, aucun n’enfermait le cerveau d’un Eschyle