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Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/77

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ou d’un Hipparque ; mais Hipparque ni Eschyle n’eussent existé si les premiers troglodytes, divinisés par les Grecs sous les trait d’Hercule, n’avaient d’abord conquis le feu sur le tonnerre ou sur le volcan, s’ils n’avaient taillé des armes pour nettoyer la terre de ses monstres, et s’ils n’avaient ainsi, par une immense bataille qui dura des siècles et des siècles, préparés pour leurs descendants les heures de répit pendant lesquelles s’élabore la pensée.

Rude était le labeur de ces ancêtres ; pleine de terreurs était leur vie : sortis de la grotte pour aller à la recherche du gibier, ils rampaient à travers les herbes et les racines afin de surprendre leur proie, ils se battaient corps à corps avec les bêtes féroces ; parfois aussi, ils avaient à lutter contre d’autres hommes, forts et agiles comme eux ; la nuit, craignant la surprise, ils veillaient à l’entrée des cavernes pour lancer le cri d’alarme à l’apparition de l’ennemi et donner le temps à leurs familles de s’enfuir dans le dédale des