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Page:Regnaud - Le Chariot de terre cuite, v1.djvu/24

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XX
PRÉFACE.

de la Phèdre de Racine. L’amour a pour elle quelque chose de cette suave âcreté, de cette douloureuse allégresse, de ce charme ravissant et désespérant qui le caractérisent chez les poètes et chez les romanciers contemporains et dont l’origine remonte surtout, en Occident, aux créations de Shakspeare. Aussi bien, c’est une délicieuse figure que celle de cette courtisane dont l’existence est d’une Ninon et que la passion régénère au point de lui inspirer des sentiments aussi naïfs, aussi confiants et aussi élevés que ceux de Virginie ou de Graziella. On l’a comparée à Manon Lescaut, mais c’est une Manon sans ses rechutes et ses légèretés ; on l’a comparée à Marion Delorme, mais son amour est aussi absolu que celui de l’héroïne de Victor Hugo et l’homme que son cœur a choisi vaut mieux que Didier. Bref, l’auteur a tracé ce gracieux portrait d’un pinceau si délicat que l’infamie de sa condition ne nuit pas un instant à l’intérêt qu’elle inspire ni au charme dont elle est environnée.

Le personnage le plus intéressant comme étude de caractères après Chârudatta et Vasantasenâ est, sans contredit, Samsthânaka, le prince assassin, le traître du drame et la seule figure que l’auteur ait représentée sous des traits odieux. Quoique radicalement mau-