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LES SALONS.


sur les autres et dont l’effet transpire de dessous en dessus. D’autres fois, on dirait que c’est une vapeur que l’on a soufflée sur la toile : ailleurs une écume légère qu’on y a jetée. Approchez-vous : tout se brouille, s’aplatit et disparaît ; éloignez-vous : tout se recrée et se reproduit. » Plus il avance, plus il se montre exigeant pour le métier. La morale n’est plus la seule qualité qu’il requiert comme essentielle à l’artiste ; il y faut encore la perspective. Désormais, à chaque nouveau Salon, il fera des découvertes qui sont d’un véritable artiste : que la simplicité est l’un des principaux caractères de la beauté et qu’elle est essentielle au sublime ; que les raccourcis sont savants, mais rarement agréables : que la nonchalance embellit une petite chose et en gâte toujours une grande. Lui qui veut que la peinture soit vertueuse, il ne veut pas qu’elle vise à l’esprit : « Le bel esprit est la fin de toutes les qualités dans un grand artiste. » Au début, il a pu s’amuser de la manière ; il la déteste à présent : elle est dans les arts ce qu’est la corruption des mœurs chez un peuple. Il a reconnu de bonne heure que « la largeur du faire est indépendante de l’étendue de la toile et de la grandeur des objets. Réduisez tant qu’il vous plaira une Sainte Famille de Raphaël et vous n’en détruirez point la largeur de faire. «

Écoutez maintenant sa querelle avec La Grenée : « Lorsque je lui objectai la petitesse et le mesquin de cette tête de Pompée, il me répondit qu’elle était plus grande que nature. Que voulez-vous obtenir