Page:Reinach - Orphéus, histoire générale des religions, 1921.djvu/377

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par le « chiffre de la Bête », 666, somme des lettres du nom de l’empereur, suivant leur valeur numérale en hébreu (13, 18) ; mais le remaniement chrétien a bien eu lieu sous Domitien — qu’on appelait le Néron chauve — en 93, car il y est question de la grande crise des vins résultant d’une mévente (6, 6) qui, d’après les textes païens, se place en 92.

59. L’auteur de la Révélation se dit Jean l’apôtre et s’adresse aux sept Églises d’Asie ; comme il n’est pas l’apôtre Jean, qui mourut peut-être en Palestine vers 66, c’est un faussaire. Au milieu des folies qui remplissent ce livre, il y a quelques phrases sublimes qui ont conquis droit de cité dans toutes les littératures ; mais l’ensemble est l’œuvre de plusieurs énergumènes. L’Église a fait quelque difficulté avant d’admettre cet écrit dans son canon ; le nom seul de Jean l’y a décidée.

60. Depuis 1892, nous possédons une grande partie d’une Apocalypse attribuée à l’apôtre Pierre, découverte en Egypte, six ans plus tôt, avec l’Évangile dit de Pierre. C’est une vision des récompenses et des peines de l’autre monde, datant de l’an 100 environ et intéressante comme le premier essai d’ eschatologie (science des choses dernières) dans le christianisme. Les sources en sont juives et grecques populaires ; il y a des analogies frappantes avec les doctrines orphiques. L’auteur était un juif d’Egypte, hellénisant et assez instruit ; cette Apocalypse doit être sortie de la même officine que les deux lettres de Pierre et son Évangile, qui sont aussi des faux gréco-égyptiens.

61. Quelques ouvrages, qui n’ont pas été inclus dans le canon, ont néanmoins exercé une trop grande