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REVUE. — CHRONIQUE.

venir. On devait dernièrement exécuter à Saint-Flour un nommé Miquel, condamné comme parricide ; mais au moment où les bourreaux le viennent prendre afin de le mener à l’échafaud, cet homme, défendant sa vie en désespéré, se dégage de leurs mains, les met en fuite et se barricade dans une cour de la prison. On va chercher le procureur du roi, qui survient avec la force armée, et ce malheureux qui se révolte contre la hache, est bientôt traqué comme un loup derrière sa barricade. On pouvait certes alors bien aisément le tuer, ce n’était pas une grâce, mais c’était de l’humanité, c’était un supplice légal et public de moins. Mais non pas. La justice ne s’y prend point de cette façon. Notre ingénieux magistrat fait seulement casser à coups de fusil les jambes du pauvre diable, que l’on transporte ensuite à l’échafaud sur lequel on l’achève conformément à la loi. Que vous semble de cet expédient ? ne le trouvez-vous pas merveilleux ?

Voyez-vous d’ici ce miséricordieux homme du roi ? Tenez, le voici qui regarde Miquel avec son lorgnon. Et puis le montrant aux gendarmes : « N’allez pas, leur dit-il avec une sensibilité touchante, n’allez pas me tuer mon condamné. Ne le visez point à la tête au moins ; ce n’est pas à nous qu’elle appartient, messieurs, il ne faut ici que le blesser légèrement, et le mettre hors de défense. Le reste ne nous regarde point ! » Oh ! dites ! n’est-ce pas ainsi qu’en Espagne on coupe d’abord avec la média luna les jarrets du taureau dont on ne peut approcher, afin de le tuer après plus solennellement en lui enfonçant un poignard dans la tête pour la plus grande joie du peuple ?

Après cette scène de boucherie, les scènes d’un intérêt doux et touchant ne nous ont pas manqué. L’Académie française nous a donné, le 9 de ce mois, sa représentation annuelle.

Le spectacle a commencé par un rapport du secrétaire perpétuel sur le concours au prix d’éloquence de 1832, dont le sujet était : Le courage civil.

Dans ce premier concours, l’Académie n’a cru devoir couronner l’éloquence d’aucun des concurrens. Un numéro (je ne sais plus lequel), qui avait obtenu déjà l’année précédente, à propos du même sujet, une mention honorable, ayant rema-