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Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 8.djvu/257

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REVUE DE VOYAGES.

view[1] dans un article reproduit en partie par le Temps, n’était venue arracher la couronne qu’on avait placée sur la tête de l’auteur. Justice a donc été faite, mais elle ne l’a été qu’à moitié, et non par qui elle devait se faire. La première voix accusatrice eût dû s’élever du sein de la France, ou plutôt les corps savans à l’approbation desquels M. Douville présentait ses travaux, ne devaient-ils pas la prémunir contre cette mystification, préparée de longue main, avec une audace dont il y a peu d’exemples ? L’un, la Société de géographie, non contente de donner son approbation, a comblé l’auteur de ses faveurs ; l’autre, l’Institut, auquel M. Douville soumet les objets qu’il prétend avoir recueillis en Afrique, les reconnaît pour être américains, et croit devoir garder le silence sur un fait aussi important. Nous concevons, du reste, parfaitement le sentiment de dégoût qui a pu engager les hommes honorables qui composent ce dernier corps à se taire, et le respect que nous leur devons, nous interdit toute réflexion à cet égard. Quant à la Société de géographie, malgré la considération personnelle que mérite chacun de ses membres, elle nous permettra d’approuver les réflexions sévères que le Foreign quarterly Review lui a adressées ; c’est une affaire entre elle et l’auteur de l’article. Ce que ce dernier a commencé, nous allons tâcher de l’achever, en donnant sur M. Douville, qui nous est connu de longue date, quelques détails qui pourront servir de correctifs à la notice biographique que le Constitutionnel a publiée sur son compte. Comment, à une époque où les relations sont aussi multipliées entre toutes les parties du globe, M. Douville a-t-il osé espérer que les faits qu’on va lire resteraient dans l’ombre ? Cela est aussi incompréhensible que l’énormité des erreurs dont son voyage est parsemé.

J’étais à Buenos-Ayres en 1826 et 1827, à l’époque où la rade de cette ville était bloquée par une escadre brésilienne qui empêchait toute communication par mer. Vers le milieu de décembre 1826, on aperçut tout à coup, un matin, un bâtiment de guerre ennemi se dirigeant sur la ville avec pavillon parlementaire. Le bruit se répandit aussitôt que ce navire était porteur de propositions de paix ; mais le lendemain les journaux annoncèrent

  1. Foreign quarterly Review, no 19, August 1832. Pages 163-206.