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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/615

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RÉVOLUTION DU MEXIQUE.

chaussées et des ponts qui font encore aujourd’hui l’admiration des gens de l’art. Ceux qui l’ont connu disent qu’il était d’un commerce agréable ; néanmoins, il eut peu d’amis et vécut presque toujours seul : rarement il sut inspirer l’enthousiasme à ses soldats. Il aima son pays, et comme Caton d’Utique, il se tua pour n’être pas témoin des malheurs auxquels il crut voir sa patrie exposée.

Santa-Anna n’eut d’abord dans son parti que le colonel Lendero et tous les aventuriers dont le Mexique fourmille. Autour de lui vinrent ensuite se ranger plusieurs Français qui occupaient des places dans le pays, mais que le gouvernement abreuvait de dégoûts, tels que le colonel et le capitaine Arago, le capitaine Reybaud, corsaire fameux dont le nom seul, pendant la révolution de Colombie, faisait trembler les Espagnols, et plusieurs autres, tous hommes de résolution qui jouaient leur va-tout dans cette affaire.

Santa-Anna s’est élevé par son audace : il n’était rien ; sa vivacité, sa témérité frappèrent Iturbide, qui le fit avancer rapidement au grade de général de brigade, et croyant se l’être attaché par des bienfaits, mit en lui une entière confiance. Iturbide était au faîte de sa puissance : Santa-Anna, qui commandait à la Vera-Cruz, poussa le premier un cri de révolte qu’on dédaigna d’abord, et, un mois après, l’empereur tomba. Il contribua à élever et à renverser Guerrero ; et dernièrement, il vient de rappeler Pedraza qu’il avait abattu. Sans connaissances profondes de l’art de la guerre, il est cependant aujourd’hui le général le plus redoutable de la république : jeune, actif, entreprenant, rusé, prompt à prendre une résolution, vainqueur ou vaincu, il est toujours sorti triomphant des luttes où il s’est engagé. Il a sur les Indiens et sur les soldats une grande influence, et ses exploits précédens l’environnent d’un brillant prestige. Il a renversé ou contribué à renverser tous les gouvernemens qui se sont succédés depuis plus de quinze ans dans son pays. À Tampico, en 1828, seul avec une poignée d’Indiens, sans l’appui ou même en dépit du gouvernement, il arrêta les belles troupes espagnoles que commandait Barradas. Il développa dans cette circonstance une adresse et une audace extraordinaires, et les beaux régimens de la Péninsule disparurent du sol mexicain. Santa-Anna est d’une taille ordinaire, et n’a de remarquable dans la physionomie que l’extrême vivacité de ses yeux : les