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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/616

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hauts faits d’armes le remplissent d’enthousiasme ; il aime à se faire raconter les merveilles de Napoléon, et c’est par admiration pour ce grand homme qu’il affectionne particulièrement les Français.

Quoique Pedraza ne joue dans la révolution qu’un rôle secondaire, nous rappellerons cependant ses antécédens. Il était député aux cortès d’Espagne, et se formait en Europe, tandis que les dissensions civiles déchiraient son pays. Il rentra au Mexique quelque temps avant le cri d’Iguala (el grito de Iguala), et se mêla ensuite à la lutte qui abattit Iturbide, la première idole de l’indépendance. Nommé gouverneur de Puebla, sa patrie, il refusa d’abord ou fit semblant de refuser ; mais nommé une seconde fois, il accepta. Disgracié bientôt sous des prétextes frivoles, il se vit peu après recherché par Vittoria, qui crut reconnaître en lui l’homme nécessaire pour réorganiser la guerre et l’armée. Il fit de bonnes choses pendant son ministère, et se montra souvent habile, résolu, ferme et au-dessus des partis. Nommé à la présidence, il ne sut pas se maintenir dans sa dignité, et fut obligé de céder aux factions et de s’exiler aux États-Unis. Il supporta courageusement ses infortunes, et certes l’on ne peut lui refuser un caractère estimable ; mais il manqua peut-être de cette trempe d’âme énergique qu’il lui eût fallu pour commander aux circonstances critiques dans lesquelles il s’est trouvé.

Tels étaient les hommes qui devaient jouer les premiers rôles dans cette révolution. Je ne parlerai pas des écrivains ; un seul mérite d’être cité, parce qu’il était l’organe du gouvernement, et qu’on peut juger par ses manifestes des intentions du ministère : c’est le député Bustamente, connu par une histoire des révolutions du Mexique. Dans une lettre publique qu’il adressa au général Santa-Anna, il accuse les étrangers d’être la seule cause des troubles civils, et les désigne à l’animadversion des deux partis. C’en eût été fait sans doute de l’influence des étrangers au Mexique, si le gouvernement eût réussi.

Cependant les troubles du sud étaient à peine apaisés, on ne pouvait dégarnir ces provinces de troupes ; aussi ce ne fut qu’avec difficulté que les ministres parvinrent à réunir une armée de trois mille hommes à la tête desquels ils mirent Calderon. Le choix d’un chef