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Rome, l’intrépide Meo Patacca rassemble ses camarades de Trastevere, les harangue et leur persuade de marcher au secours de cette ville amie du pape. C’est là le sujet du premier chant.

Au commencement du second chant, tous ces héros sont prêts à partir :

« C’était l’heure où les charcutiers ajustent avec des perches de grandes toiles sur le devant de leurs boutiques, et où les fruitiers et tous les vendeurs de comestibles en font autant ; l’heure où le soleil, cet ami si complaisant des glaciers, échaude les marchandises et brûle les marchands, s’ils ne prennent pas leurs précautions ; c’était midi[1] ! »

Meo Patacca, après avoir visité en détail tous ses bons amis qui vendent la robba magnaticcia (la mangeaille), se dispose à partir. Tout à coup il est entouré par une troupe de femmes qui arrivent en poussant des cris de désespoir et des hurlemens ; toutes s’arrachent les cheveux et paraissent en proie à la désolation la plus vive. Ce sont les femmes, plus ou moins légitimes, des héros que Meo Patacca a enrôlés ; elles viennent faire au chef des représentations éloquentes et refusent de laisser partir ses soldats. Quatre chants sont remplis de leurs plaintes, de leurs querelles et des répliques de Meo Patacca ; car ce héros galant, ne sachant à laquelle entendre, veut néanmoins répondre à toutes. Dans cette partie du poème abondent les détails satiriques, les saillies plaisantes, et une foule de mordantes épigrammes sont envoyées à l’adresse des personnages importans de l’époque. Enfin, à l’aide de son énergique volonté et de ses poumons vigoureux, Meo Patacca sort triomphant de cette lutte qu’il regarde comme la plus pénible qu’il ait jamais soutenue ; rien ne l’arrête plus, les tambours battent, les enseignes sont déployées, il va partir, quand arrive la nouvelle de la délivrance de Vienne par Sobieski.

Meo Patacca est désolé, car il voit d’un même coup s’évanouir son armée et ses espérances de gloire ; il finit cependant par se consoler

  1. Era quell’hora ch’i Pizzicaroli
    Con le perticha aggiustano le tenne.
    Innanzi aile lor mostre, e i fruttaroli,
    E ognun, che robba magnaticcia venne.
    Perche pé fa servizio à i novaroli,
    El caldo insupportabile se renne ;
    E allora il sol, se non ci son ripari
    Scalla le robbe, e scotta i bottegari ;
    Questo ero il mezzodi
    , etc.

    Tenne, venne, renne, pour tende, vende, rende, et scalla pour scalda.