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Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 22.djvu/845

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LE THÉÂTRE EN ITALIE.

digne. — Qu’est-ce à dire, monsieur le notaire ? vous me rendrez raison de cette insulte. — Je ne suis pas notaire. — Qui êtes-vous donc ? — Le médecin des fous. — Allez au diable, vous me rendriez fou avec vos folies. — Vous l’êtes déjà. — L’insolent ! mais où est M. Scaramouche ? mon argent est-il prêt ?… l’acte est-il dressé ?… Vous riez… pourquoi riez-vous ?… Prends garde à toi, misérable… je ne respecte que ceux qui me respectent. — Mon ami, de la patience, ici il faut savoir se supporter mutuellement. — Je ne veux rien supporter… je veux mon argent, et puis je partirai. — Vous ne partirez pas de si tôt. — C’est ce que nous allons voir.

Flavio sort et rentre aussitôt en fureur : — Comment ! les portes sont fermées, et Scaramouche n’est plus ici ! voudriez-vous m’escroquer par hasard ? Ah ! misérable ! ah ! fripon ! — Mon ami, calmez-vous, je vous en conjure, ou bien… (Il lui montre un bâton.) Mais avec vous je ne voudrais employer que la douceur. — De la douceur ! ah ! brigand ! — Si la douceur ne réussit pas, nous aurons recours aux bains froids et aux coups de bâton ; si cela est insuffisant, et que vous fassiez le méchant, nous avons de bonnes prisons et des chaînes de fer. — Mais encore une fois, je ne suis pas fou ; laissez-moi sortir et sur-le-champ… Ah ! je le vois, je suis volé, je suis égorgé… au voleur ! à l’assassin ! — Pas tant de bruit, tenez-vous en repos, ou bien… — De quel droit me retenez-vous ? vous êtes donc d’accord avec le voleur ? Laissez-moi partir, ou, par la Madonna ! je te ferais payer cher le vol que tu me fais, misérable ; allons ! marchons ! (Il lui prend le bras et l’entraîne vers la porte.) — Ah ! coquin, baisse la tête et respecte-moi. — Et Pulcinella lui assène quelques coups de son gros bâton sur la tête.

— Tu oses me frapper, attends ! — Flavio saisit un fauteuil et poursuit Pulcinella ; celui-ci, tout en jouant vigoureusement du bâton, appelle les gardiens, qui accourent et se jettent sur Flavio.

— Scélérats ! je suis un honnête homme…

Pulcinella aux gardiens : — D’abord un bain froid, des douches glacées sur la tête, et puis, s’il continue à se débattre, la prison.

— Mais, par saint Janvier, je ne suis pas fou ! je suis le joaillier Flavio.

— Tu es joaillier, c’est à merveille ; alors tu nous diras si nos petites chaînes et nos petits colliers sont solides.

Dans les scènes suivantes, plusieurs fous, un médecin, un avocat, un militaire, un maître de chapelle et un philosophe, sont aux prises et tiennent les discours les plus saugrenus. C’est de la grosse comédie