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Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/527

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L’EMPEREUR SOULOUQUE


ET


SON EMPIRE




QUATRIEME PARTIE.[1]




IX. — UN COUCHER DE SOLEIL. — LES MALHEURS DES PIQUETS. — SOULOUQUE VOLTAIRIEN.

J’ai déjà fait pressentir la disgrace du favori Similien, et si on n’a pas trop perdu de vue les allures morales de cet effrayant personnage, on ne s’étonnera pas de le voir tomber victime de sa sensibilité. Voici quel nouveau tour lui joua sa sensibilité.

Peu de jours après les massacres d’avril 1848, Bellegarde, on l’a vu, inspirant autant de sécurité qu’il avait naguère inspiré d’épouvante, reçut des bourgeois de Port-au-Prince une chaleureuse adresse de remercîmens. Le seul mérite du nouveau favori et de son second, le commandant de place, c’était d’avoir tenu en échec Similien ; mais le donner à entendre, t’eût été jeter à celui-ci un défi dangereux. À l’exemple de cette dévote qui, pour ne se faire d’ennemis d’aucun côté, avait soin de ne jamais oublier le diable dans ses prières, la bourgeoisie crut donc prudent de confondre dans l’expression officielle de sa reconnaissance Similien avec les deux hommes qui en étaient l’objet.

  1. Voyez les livraisons des 1er et 15 décembre 1850 et du 1er janvier 1851.