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Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 9.djvu/719

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ment. M. van Hœvell est venu éclairer cette discussion par des données nouvelles en faisant connaître l’état réel de la presse aux Indes, l’inégalité des cautionnemens des journaux, les plaintes de la population européenne contre ces mesures restrictives. Il fallait bien en venir à un résultat pratique. Trois systèmes étaient en présence : la commission de la chambre proposait de recommander au ministre la révision du règlement. Un membre du parti libéral, M. Hoynck, demandait nettement cette révision par l’intervention des chambres, ce qui était, en d’autres termes, réclamer une loi à la place d’un règlement administratif. Enfin M. Groen van Prinsterer proposait le renvoi pur et simple du rapport de la commission au gouvernement, et c’est à ce dernier amendement que le ministre des colonies s’était rallié. La chambre s’est arrêtée à un milieu en votant les conclusions de la commission. Il faut ajouter que, dans les scrutins successifs qui ont précédé ce dernier vote, l’amendement le plus libéral réunissait un nombre imposant de suffrages, tandis que celui de M. Groen van Prinsterer n’obtenait qu’une insignifiante minorité. Il reste à savoir à quel moment et dans quelle mesure la révision du règlement se fera.

Le ministre des finances de La Haye, M. Vrolik, vient, d’un autre côté, de proposer un vaste plan de remaniement des impôts dans la pensée d’accroître les ressources des grandes communes, fortement atteintes par l’abolition des droits de mouture. Le gouvernement voudrait faire refluer vers les communes une partie du produit des recettes publiques sans modifier les bases générales du système d’impôts. Les pertes que le trésor de l’état aurait à essuyer par suite de ces remaniemens seraient compensées par une révision de la loi des successions. C’est là un des projets aujourd’hui à l’étude ; mais, quelle que soit la valeur de ce plan, il reste toujours la question essentiellement politique qui s’agite entre le gouvernement et les opinions libérales depuis que le cabinet actuel existe. Cette question se reproduira infailliblement d’ici à peu, à l’occasion d’une discussion nouvelle du budget du ministère de l’intérieur. Ce budget n’a été voté que pour six mois il y a quelque temps ; il s’agit de le voter maintenant pour l’année entière, et c’est la politique même du ministère hollandais qui se trouvera vraisemblablement en cause.

Voici donc deux pays, la Belgique et la Hollande, où la vie parlementaire se manifeste par des signes divers. Ces libres discussions viennent de se réveiller également au-delà des Pyrénées et donnent la plus exacte mesure de la situation politique de la Péninsule. Les chambres espagnoles sont en pleine session depuis un mois. Le congrès s’est constitué et a choisi pour son président M. Martinez de la Rosa. Le sénat s’est retrouvé tel qu’il était avant la révolution. Quelle est la première question qui s’est élevée ? Une bataille s’est engagée à l’occasion des deux dernières années et de la part de responsabilité de tous les hommes et de toutes les opinions dans cette histoire récente. Ce n’est point une lutte entre progressistes et modérés, puisque les progressistes sont aujourd’hui très clair-semés dans le parlement de Madrid ; c’est plutôt une lutte entre toutes les fractions du parti conservateur. Le discours royal à l’ouverture des chambres avait tout fait cependant pour écarter ce dangereux conflit d’opinions ; s’il n’a point réussi, c’est qu’il est