Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 32.djvu/890

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plonge d’un jet dans les profondeurs du cañon ténébreux. Plus haut, la gorge s’ouvre pour former un vaste cirque où s’épanchent des sources thermales extrêmement remarquables. Presque tout le sol du bassin, dont la surface est d’environ 10 kilomètres carrés, a disparu sous une couche de tuf calcaire de 5 ou 6 mètres d’épaisseur. Sur cette base commune, quatre petits plateaux de tuf se sont élevés à l’endroit où le bouillonnement des eaux thermales a concentré son activité. Quelques sources jaillissent au fond de petits entonnoirs creusés dans les plateaux ; mais la plupart se sont graduellement édifié des cônes semblables à de petits volcans et réunissent leurs eaux dans un cratère terminal : là elles déposent des anneaux circulaires de tuf et agglutinent peu à peu les roseaux qui croissent en abondance sur les bords du cône. La température moyenne de ces sources est de 27 à 43 degrés centigrades. D’innombrables serpens à sonnettes, attirés par la douce chaleur, se nichent dans les lézardes du tuf, ou s’enroulent autour des joncs cimentés par le carbonate de chaux.

Un grand nombre d’autres sources thermales qui se font jour à la base des montagnes d’Utah, et auxquelles on a donné les noms prosaïques de sources de la Bière, du Bateau à vapeur, etc., semblent indiquer que les forces volcaniques sont encore à l’œuvre, au-dessous du sol du plateau. La source la plus connue est celle que les mormons emploient pour administrer le baptême à leurs néophytes. Quant aux sources non thermales, elles sont assez rares et le plus souvent chargées de substances salines et calcaires ; d’ordinaire la composition de leurs eaux dépend de la saison de l’année. Au printemps et au commencement de l’été, lors de la fonte des neiges, les fontaines, devenues très abondantes, fournissent une eau comparativement pure ; pendant la saison des sécheresses, le sel et le carbonate de chaux se concentrent dans les sources presque taries et en rendent l’eau tout à fait mauvaise.

L’ensemble des terrains cultivables occupe une longueur d’environ 4 à 5 degrés de latitude à la base occidentale des monts Wahsatch ; mais la largeur de cette zone est en moyenne de 2 ou 3 kilomètres au plus. À cette étroite bande, qui forme tout le territoire agricole de l’Utah, il faudrait ajouter la vallée du Jourdain, si on pouvait l’arroser en abondance par des canaux de dérivation. Le sol de cette vallée et des vallons ses tributaires est composé d’une terre sablonneuse tout à fait infertile lorsqu’elle manque d’humidité. Malheureusement les pluies sont rares dans le territoire d’Utah, l’azur du ciel reste implacable pendant six mois, d’avril en octobre ; les ruisseaux descendus des monts Wahsatch sont peu considérables et ne remplissent qu’un nombre de canaux très limité : aussi ne peut-