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Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 32.djvu/953

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auteurs que ces villes ont vus naître, le géographe Scylax de Caryanda, Hécatée de Milet et Hérodote d’Halicarnasse, nous ont transmis les informations que les rapports de leurs compatriotes avec les montagnards du Caucase avaient mises en circulation. Nous savons par Hérodote que les rois de Perse avaient étendu leur autorité jusqu’aux deux extrémités de la chaîne, puisqu’il compte parmi les auxiliaires de Xerxès d’une part les Lygies ou Lezghis modernes, et de l’autre les Colches, les Mosches, les Tibarènes, les Macrones. les Mosynœci, etc., qui étaient compris dans la dix-neuvième satrapie ou préfecture[1].

Les habitans de l’angle sud-est de la côte pontique, que les dix mille eurent à repousser dans leur retour vers leur patrie, nous sont dépeints sous les mêmes traits de rudesse sauvage par le grand capitaine qui dirigea cette mémorable retraite[2]. À leur tour, les Romains pénétrèrent au pied du Caucase. Les expéditions de Lucullus et de Pompée contre Mithridate, celle de Corbulon, de l’an 57 à l’an 60 de Jésus-Christ, sous Néron, contre l’Arménie, nécessitèrent, d’après le témoignage de Pline, comme mesures militaires ou administratives, de nombreuses reconnaissances de ces pays. Ces documens furent mis à profit par les écrivains de la fin de la république ou de l’ère impériale, Strabon, Ptolémée, Appien, Plutarque, Tacite. Nous avons un relèvement du littoral, depuis Trébisonde jusqu’au Phase, dans le Périple d’Arrien, gouverneur de la Cappadoce, qui l’adressa, sous la forme d’un rapport officiel, à l’empereur Adrien. Ce document contient la liste des tribus qui occupaient cette portion de la côte, et qui avaient accepté la souveraineté ou le protectorat de Rome. Sous Justinien, le théâtre de la rivalité interminable qui mit aux prises les armées romaines avec les Parthes et les Perses fut transporté des provinces du Haut-Araxe sur les bords du Phase, et dans cet agrandissement du champ de la lutte, les efforts de Justinien pour se maintenir sur le littoral qui touche au Caucase ont été racontés par Procope de Césarée et ses continuateurs, Agathias et Ménandre.

Les vieux chroniqueurs russes ont à nous offrir aussi un contingent d’informations qui n’est pas à dédaigner. Dès le Xe siècle, les Russes avaient étendu leurs invasions sur les bords occidentaux de la Mer-Caspienne. La tolérance du roi des Khazares, maître du Bas-Volga et de la Crimée, intéressée par la promesse d’une part dans le butin, leur permit de ravager toute cette côte et de s’avancer jusque dans les provinces orientales de l’Arménie. Cent ans après, ils s’étaient

  1. Histoire, liv. v, ch. 72-78. Voyez liv. III, ch. 93 et 94.
  2. Xénophon, Anabase, liv. V, ch. 4 et 5.