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La révolution du 4 septembre 1870 a emporté avec l’empire le corps législatif chargé de voter, le budget extraordinaire de Paris, et le régime municipal de la ville elle-même ; la loi du 18 avril 1869 n’aura donc eu qu’un seul essai d’application. Le 4 août 1871, un an plus tard, M. Léon Say, le nouveau préfet de la Seine, a présenté au conseil municipal, composé de 80 membres élus, un mémoire sur la situation financière de Paris qui conclut par la demande de nouveaux emprunts.

Entre cette date et celle du 4 septembre 1870, se placent des événemens dont nous n’avons pas à faire le récit ; nous laissons la parole aux chiffres, ils ont leur éloquence. Toutefois, faut-il le dire ? nous ne pouvons nous empêcher de regretter que le préfet de la Seine dans l’intéressant travail, que chacun a voulu lire, inspiré par le sens le plus droit et rédigé avec une clarté parfaite, ait retrouvé parfois l’accent de l’écrivain critiquant les actes de son prédécesseur ; en présence de ces lamentables ruines, l’administrateur chargé de la restauration matérielle et morale de l’illustre victime pouvait s’abstenir des récriminations et juger, de plus haut les choses et les hommes. Rendons cependant justice à l’activité dont il a fait preuve en rédigeant un exposé financier dont les élémens n’existaient plus. Toutes les pièces de la comptabilité, tous les documens de l’administration avaient été brûlés à l’Hôtel de Ville ; ce n’est que dans la mémoire d’agens fidèles que M. Say a pu retrouver la nomenclature des dépenses faites ou à faire, des ressources de son budget, et justifier ainsi devant le nouveau conseil l’émission de l’emprunt qu’il appelle à si juste titre un emprunt de liquidation. C’était déjà le mot de M. Le Pelletier d’Aulnay ; seulement le corps législatif n’avait à liquider que les dépenses de l’administration impériale : le conseil de 1871 doit liquider celles du siège et celles de l’insurrection.

On a vu que la loi du 23 juillet 1870 autorisait la ville de Paris à conserver sur l’emprunt de 1869 une somme de 78 millions destinée primitivement à rembourser d’autant le Crédit foncier ; cet emprunt ayant fourni 250 millions, le paiement à faire au Crédit foncier était ainsi réduit à 172. Les besoins journaliers ne permirent même pas d’atteindre ce chiffre ; au 4 août 1871, le Crédit foncier n’avait reçu que 152 millions. La dette étant de 465 millions, il reste une somme de 313 millions, pour laquelle la ville devra payer, amortissement non compris et pendant quarante-huit ans, une annuité de 19,385,000 francs. Elle restera maîtresse, il est vrai, de rembourser sa dette par anticipation, si elle trouve prêteur à un intérêt moindre que 5,16 pour 100. Dans les circonstances, cette éventualité n’est guère probable, et les motifs qui avaient amené le corps législatif à substituer l’emprunt de 1869 au traité