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consul qui préside la séance. Les contribuables votent les taxes, qui portent sur les loyers, les terrains, le débarquement et l’embarquement des marchandises traversant les quais. Le conseil municipal est élu par les contribuables ; il perçoit les taxes et les applique aux travaux de la voirie, aux dépenses de la police et aux divers services municipaux placés sous sa direction exclusive.

La police, formée d’étrangers et de Chinois, agit au nom du conseil sans que ce dernier ait le pouvoir judiciaire et répressif, qui appartient au consul pour les prévenus étrangers, et à un tribunal mixte, composé d’un employé consulaire subalterne et d’un mandarin pour les prévenus chinois. On peut assigner le conseil municipal en appelant son président devant le consul de la nation à laquelle il appartient ou devant la cour suprême anglaise, selon le cas. Telles sont les bases fort simples d’une organisation à l’aide de laquelle une population de 2,500 étrangers, d’un millier de gens de la classe maritime et de 100,000 Chinois est administrée de la façon la plus satisfaisante par une demi-douzaine de bourgeois sans traitement aucun, ayant sous leurs ordres une police d’environ 110 individus.

La France a trouvé bon de rester isolée à Shanghaï et d’avoir une administration à part à côté de ces terrains neutres sur lesquels les autres nationalités se sont fondues. Les règlemens qui devaient être communs aux trois concessions ayant été, nous l’avons vu, rejetés par le gouvernement de Napoléon III, notre consul fut chargé d’administrer seul la concession française. La situation devint bientôt difficile par l’accroissement de la population chinoise, dans le sein de laquelle la rébellion jeta des réfugiés par milliers, et par l’agrandissement de la concession, à laquelle on réunit en 1861 un vaste quartier chinois qui avait été incendié pour les besoins de la défense de la ville. Débordé de toutes parts, le consul obtint de créer une municipalité, qui fut établie toutefois sur ce principe, conséquent avec le système impérial, que le conseil administratif serait le délégué du consul et non pas, comme sur les concessions voisines, celui des contribuables. Les rapports du consul, du conseil et des contribuables inaugurés d’après ce principe ont été sanctionnés par des règlemens officiels en 1866. La concession y fut traitée comme un terrain cédé à la France, dans le sens réel du mot.

Ces règlemens ne résultaient pas des propositions des contribuables, c’était le ministre des affaires étrangères qui les avait envoyés tout d’une pièce et sans les soumettre à la discussion. Ils ont laissé le gouvernement aux mains du consul, qui toutefois prend l’avis du conseil municipal, composé de huit membres : quatre