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cette branche de l’archéologie prendrait l’importance que lui méritent la valeur esthétique de ces monumens et la variété des sujets qu’ils représentent. On s’obstinait à les appeler vases étrusques, et on ne les regardait guère encore que comme des cruches plus ou moins élégantes de forme et de façon, qui pouvaient parfois fournir à nos potiers quelques modèles heureux. Cinquante ans environ devaient encore s’écouler avant que la découverte de la nécropole de Vulci ne vînt remuer les esprits et que le fameux mémoire de Gerhard, Rapporto intorno i vasi Volcenti, ne fondât sur une base vraiment scientifique l’étude de la céramique grecque.

Sir William Hamilton paraît avoir été le premier diplomate anglais qui ait eu l’idée de mettre sa haute situation à profit pour favoriser les progrès de la science et pour enrichir les collections nationales. L’exemple avait été donné depuis longtemps par les ambassadeurs de plusieurs puissances du continent. C’était le Flamand Busbecq qui, se rendant auprès d’Amurat au nom de l’empereur Maximilien, avait le premier rapporté d’Ancyre le texte latin du testament politique d’Auguste ; c’était le marquis de Nointel, qui, sous Louis XIV, pendant son ambassade en Turquie, faisait dessiner les frontons du Parthénon, c’étaient bien d’autres, Italiens ou Français, dont il serait trop long de citer les noms. L’Angleterre commençait tard ; mais depuis lors la tradition inaugurée par le ministre anglais à Naples a été brillamment suivie ; il suffit de citer les noms de lord Elgin et de lord Stratford de Redcliffe, qui, tous deux ambassadeurs près de la Sublime-Porte, ont l’un et l’autre tiré parti de leur position officielle pour doter leur pays d’inestimables trésors.

Le Musée-Britannique, depuis l’achat du cabinet Hamilton, se trouvait peut-être le plus riche qu’il y eût, hors de l’Italie, en vases peints et en terres cuites. La collection d’antiquités égyptiennes fut aussi l’une des premières d’Europe à prendre de l’importance ; il est vrai que ce n’étaient point des mains anglaises qui l’avaient formée. Les hasards de 4a guerre la donnèrent seuls à l’Angleterre. Le musée possédait bien, depuis sa fondation, quelques momies et autres curiosités de ce genre ; mais il n’y avait point là de quoi provoquer et récompenser l’étude. Il en fut tout autrement lorsqu’en 1801 la capitulation d’Alexandrie, triste dénoûment de notre brillante expédition d’Égypte, eut mis au pouvoir des Anglais un grand nombre d’objets qui, recueillis par les soins de Denon et des savans français, devaient être envoyés à Paris. Cette belle collection fut donnée par le roi George III au Musée-Britannique ; elle renfermait, entre autres monumens précieux, le sarcophage de Nectanebo Ier, où le docteur Clarke prétendit reconnaître celui qui avait