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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 25.djvu/880

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Poésies




CRÉPUSCULE


La vigne, aux vieux treillis du balcon vermoulu,
Tresse un jeune entrelacs traversé de lumière,
Sur un fond plus massif de frondaison première,
Sombre et glacé de bleu comme s’il avait plu.

En bas, dans le gazon mouvant et chevelu,
Un cri semble jaillir d’une rose trémière ;
Et je suis là, devant la table coutumière,
Gardant un livre en main que je n’aurai pas lu.

La chaleur, où défaille un souffle qui circule,
Fait s’énerver des jeux d’enfans, au crépuscule ;
Sur le gravier, des pas traînent irrésolus,

Et l’ombre s’épaissit aux branches des érables ;
Et c’est un soir pareil à des soirs innombrables
Où je ne vivais pas, où je ne vivrai plus.